Notes sur le chagrin de Chimamanda Ngozi Adichie : au coeur du deuil
- Marion Marten-Pérolin
- 2 août 2023
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 janv. 2024
Notes sur le chagrin de Chimamanda Ngozi Adichie est un court texte publié en 2021 qui revient sur le décès du père chéri de l'autrice. Mort en 2020 au Nigeria, elle qui se trouvait aux Etats-Unis n'a pas pu lui rendre les hommages de coutume. Un deuil terrible qu'elle raconte avec pudeur et gravité. Voici des citations de ce récit émouvant.

Pendant le confinement, nos vies ont été mises à l'arrêt. Très compliqué de se déplacer librement dans son pays. Impossible de se rendre dans un autre pays, même pour un motif impérieux, certains aéroports étant tout simplement fermés. Et il est de moments que les communications en Visio ne remplaceront jamais...
L'autrice du roman à succès Americanah, de L'autre moitié du soleil, de L'hibiscus pourpre ou encore du recueil de nouvelles Autour de ton cou... a posé son coeur sur le papier lors du décès de son père, décédé pendant le confinement. Aéroports fermés, impossible pour elle de venir dire adieu à son "dadounet originel". La double peine qui a redoublé son chagrin. C'est depuis un autre continent qu'elle doit lui dire adieu. C'est la raison de la publication de Notes sur le chagrin de Chimamanda Ngozi Adichie.
Je connais des personnes qui, en raison des mesures sanitaires, n'ont pas pu dire adieu à leurs proches, qui étaient seuls à l'hôpital lors de leur mort. Et ça, je pense que cela va laisser des traces dans les coeurs pour toujours... et je n'ose pas imaginer leur chagrin.
Citations de Notes sur le chagrin de Chimamanda Ngozi Adichie
"La nouvelle me fait l'effet d'un déracinement brutal. Je suis arrachée au monde que je connais depuis l'enfance."
"Le chagrin est un enseignement cruel. On apprend combien le processus du deuil peut être brutal, combien il peut être lourd de colère."
"Comment le monde peut-il continuer à tourner, à inspirer et expirer sans rien de changé, alors que dans mon âme c'est une déroute permanente?".
"Ce qui est en jeu, ce sont des gens bloqués dans les limbes parce qu'ils ne peuvent pas enterrer leur être cher."
"'Jamais' est entré dans ma vie pour y rester. 'Jamais' semble si injustement punitif. Pour le restant de mes jours, je vivrai en tendant les mains vers des choses qui ne sont plus là."
"Le chagrin vous dit que c'est fini et votre coeur que ça ne l'est pas , le chagrin essai de réduire votre amour au passé et votre coeur dit qu'il est au présent."
Et ces mots Igbos :
"Ka chi fo" : bonne nuit
"Enwerom nsogbu chacha" : Je n'ai pas le moindre problème, je vais parfaitement bien.
"Ndo" : désolé doté d'un poids métaphysique, un mot aux contours plus large que juste désolé.
"Ome Ife Ukwu" : Celle qui fait de grandes choses.
Ce qu'il faut retenir de ce récit de Chimamanda Ngozi Adichie
L'autrice partage avec ses lectures l'intimité de son chagrin et de sa colère. Elle revient sur le deuil à l'heure du confinement et des mesures sanitaires drastiques qui ont rendu impossible les déplacements essentiels pour dire adieu à un proche. Ce déchirement mérite bien des écrits. C'est d'une telle brutalité.
Elle nous illumine aussi avec ses anecdotes joyeuses sur son père et sur sa famille et nous montre à quel point les enfants peuvent être protecteurs... en nous parlant de sa fille. Bref, je vous recommande ce livre et tous les autres de cette autrice que j'affectionne tant.